A l’occasion d’un voyage officiel du Premier ministre Édouard Philippe en Chine, le président-directeur général du CNRS, Antoine Petit, a réaffirmé l’importance de la coopération scientifique avec son premier partenaire en Asie lors de la signature le 25 juin à Pékin d’un accord-cadre.
Au cours des dix dernières années, la montée en puissance de la science chinoise a contribué à bouleverser le paysage mondial de la recherche. Entre 2001 et 2012, la Chine a augmenté de 890 % ses dépenses en R&D et consacrait plus de 2,1 % de son PIB à la recherche en 2016. Les estimations prévoient que, d’ici 2022, la Chine aura un budget similaire aux États-Unis (soit 2,79 % pour ces derniers).
La force du système R&D de la Chine tient en plusieurs facteurs : son expertise dans certains secteurs scientifiques (la chimie, le génie civil, la biologie fondamentale), ses moyens financiers et humains importants (55 000 nouveaux doctorants chaque année), ses grands instruments (télescope, flotte océanographique, synchrotron et satellites1), son internationalisation croissante ou encore sa production intellectuelle (la Chine se plaçant au 1er rang mondial de la production de publications scientifiques). Une évolution spectaculaire si l’on songe que la création des premières universités remonte à un siècle seulement et que l’appareil de recherche public a été reconstruit après la révolution culturelle (1966-1976).
Politiquement, la science est une vraie valeur en Chine, elle est présente dans le discours politique beaucoup plus qu’ailleurs. Les gouvernants chinois ont compris que l’identité d’un pays et sa capacité à peser sur la scène internationale sont liées à ses capacités technologiques, c’est pourquoi ils ont fait le choix d’investir massivement » explique Patrick Nédellec, directeur de la Direction Europe de la recherche et coopération internationale (DERCI) au CNRS et ancien directeur du bureau du CNRS en Chine de 2011 à 2013.
40 années de collaboration franco-chinoise
L’année 1978 marque la signature du premier accord franco-chinois entre le CNRS et l’Académie des sciences de Chine (CAS), intervenant peu après l’accord intergouvernemental en matière de coopération scientifique2.
Le CNRS est alors l’un des premiers organismes scientifiques à entamer une coopération avec la Chine. Aujourd’hui, le pays est le premier partenaire scientifique du CNRS en Asie, en nombre de projets de coopération. Les missions scientifiques en Chine se sont développées (1 550 missions en 2017 soit 2,6 % du total des missions CNRS).
Les implantations et partenariats scientifiques se sont également amplifiés depuis l’ouverture d’un bureau du CNRS à Pékin en 1995. Le CNRS compte désormais l’unité mixte internationale (UMI) Eco-efficient products & processes laboratory3 à Shanghai, l’unité mixte des instituts français de recherche à l’étranger, le Centre d’études français sur la Chine contemporaine4 et plus d’une vingtaine de coopérations structurées5. Ces implantations représentent un accès au terrain de recherche chinois essentiel pour maintenir la position scientifique du CNRS sur la carte mondiale de la production scientifique.
1 Parmi les projets de nature scientifique les plus ambitieux de toute la coopération franco-chinoise, on compte le satellite CFOSAT, tout premier satellite franco-chinois auprès duquel le CNRS est fortement impliqué.
2 Décret n° 79-555 du 26 juin 1979 portant publication de l’accord scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République populaire de Chine, signé à Pékin le 21 janvier 1978
3 E2P2L (Eco-Efficient Products and Processes Laboratory) est une unité mixte internationale CNRS/Solvay de recherche dédiée aux produits et procédés éco-efficaces.
4 CEFC (Le Centre d’études français sur la Chine contemporain) est une unité mixte international Ministère des Affaires Etrangères/CNRS consacrée à l’étude de la Chine contemporaine
5 Les Réseaux de Recherche Internationaux (IRN Franco-chinois de chimie théorique, IRN Santé des écosystèmes et écologie des maladies environnementales, IRN Cellules souches et médecine régénérative, IRN de « photonique et optoélectronique ») et les Laboratoires internationaux associés (LIA MagMC, LIA G-quadruplex-HELI, LIA Gènes et Cancer, LIA PER, LIA VirHost, LIA MOF, LIA ZÉOLITES, LIA NanoBioCatEchem, LIA POSTWESTSOCIO, LIA TrEnamelFC, LIA CHINEQ, LIA METISLAB, LIA SCSD-FCLAB, LIA LSFMF, LIA SFMA, LIA FCPPL, LIA MONOCL, LIA ORIGINS, LIA SALADYN, LIA MicroBSea)
Source: Laurence Stenvot (DIRCOM/CNRS)